Automédication: paracétamol, ibuprofène,… ne sont pas des bonbons
Prototypes des antidouleurs en vente libre, le paracétamol et l’ibuprofène sont devenus des véritables médicaments du quotidien d’un certain nombre de burundais. En cas de maux de tête ou de fièvre, c’est souvent le premier réflexe. Les ingérer comme des bonbons est-il anodin ? Combien peut-on prendre de ces antidouleurs? Dans quels cas faut-il les éviter ?
Par un bel après-midi, la petite amie d’Armel, pharmacienne à la Gare du nord de Bujumbura, s’ennuie un peu et appelle Armel pour lui tenir compagnie. À la pharmacie, Armel découvre que parmi 62 clients qui y sont venus pendant 4 heures, 54 ont acheté sans ordonnance, des antidouleurs, surtout du paracétamol et/ou l’ibuprofène. Le soir, Armel vient se confier à moi et me demande si acheter des antidouleurs comme on achète des bonbons n’est pas sans danger ? L’occasion de faire un point sur le bon usage et les risques de ces deux médicaments omniprésents dans les armoires à pharmacie de nombreux ménages burundais.
Qui sont-ils ?
Le paracétamol et l’ibuprofène sont des médicaments contre la douleur (antalgiques) et contre la fièvre (antipyrétique). Ils diffèrent par l’action anti-inflammatoire qui s’ajoute pour l’ibuprofène. Les deux sont utilisés dans les traitements des douleurs, de la fièvre, du rhume, des maux de tête, des états grippaux, des douleurs dentaires, des courbatures, etc. L’Organisation Mondiale de la Santé classe les antidouleurs en 3 paliers: Le palier 1 regroupe les médicaments permettant de traiter les douleurs légères. Le paracétamol, l’ibuprofène et l’aspirine font partie de ce dernier groupe. Le palier 2 concerne les douleurs modérées qui résistent au palier 1 et on y retrouve le tramadol et la codéine. Pour le palier 3, ce sont les antidouleurs puissants comme la morphine, réservés aux douleurs graves.
Comment en prendre ?
Pour le paracétamol, on a des comprimés dosés à 500 mg, et des sirops de 250 mg/ 5ml. La dose maximale recommandée pour un adulte ou enfant de plus de 50 kg est de 3g par jour, c’est-à-dire 6 comprimés, en espaçant les prises d’au moins six à huit heures. À ne JAMAIS dépasser 4g par jour (8 comprimés) et la durée du traitement ne doit pas dépasser six jours. Chez l’enfant, elle est de 60 mg par kilogramme et par jour à répartir en 4 ou 6 prises.
Pour l’ibuprofène, on a des comprimés de 400 mg. La dose maximale à ne jamais dépasser est de 1200 mg par jour (3 comprimés) chez l’adulte de plus de 30 kg, donc un comprimé toutes les 8 heures. Chez l’enfant, c’est 20 à 30 mg par kilogramme et par jour toutes les 8 heures. Il est recommandé de prendre l’ibuprofène pas plus de trois jours et pendant le repas pour limiter le risque de brûlures d’estomac.
Quand faudrait-il les éviter ?
En cas de problèmes hépatiques, il ne faut jamais prendre le paracétamol car ce médicament est détoxifié au niveau du foie. Il ne faut jamais associer le paracétamol à la prise d’alcool car il peut avoir un effet toxique sur le foie. Attention donc aux alcooliques. Pour l’ibuprofène, jamais le prendre si on a des antécédents d’ulcère gastrique ou de gastrite, car il entraîne des brûlures d’estomac et irritations du tube digestif. Si on saigne, jamais l’ibuprofène, de même que les femmes enceintes à partir du sixième mois. (Contrairement au paracétamol qui est toléré pendant la grossesse)
Un mot d’ordre : Prudence. Tout abus peut être nocif, c’est pourquoi il faut respecter la dose recommandée et ne jamais la dépasser la dose maximale. De plus, il faut connaître votre état de santé pour savoir quand il faut éviter la prise de ces antidouleurs.Et si la douleur persiste plus de 5 jours et la fièvre plus de 3 jours, ne continuez pas le traitement sans l’avis d’un médecin.
N.B: Ceci n’est pas une ordonnance médicale mais des orientations pour mieux préserver votre santé. Toujours prendre les médicaments selon la prescription médicale et pour les médicaments en vente libre, demandez conseils à votre pharmacien en cas de doute.